En ce 10 juillet 2025, les marchés financiers mondiaux évoluent sur une ligne de crête, entre espoirs de relance et signaux de prudence. Tandis que les actions américaines flirtent avec leurs plus hauts historiques, les marchés des matières premières révèlent des tensions sous-jacentes – économiques comme géopolitiques. Les investisseurs, eux, ajustent leurs positions avec discernement : rotation sectorielle, couverture active, attention portée aux politiques monétaires.

Mercredi, les principaux indices américains ont progressé de 0,5 à 1 %, le S&P 500 revenant à proximité de son record. Ce rebond s’appuie sur une anticipation croissante d’un assouplissement monétaire par la Réserve fédérale. Selon l’outil CME FedWatch, les marchés estiment désormais à 70 % la probabilité d’une baisse des taux dès septembre. Des propos conciliants de plusieurs membres de la Fed, conjugués à des données sur l’emploi moins robustes, ont renforcé cette perspective.

Mais ce jeudi matin, les marchés à terme américains ont légèrement reculé, d’environ 0,3 %, un repli qui a rejailli sur les autres places financières. L’indice Nikkei 225 à Tokyo a cédé 0,45 %, tandis que le Hang Seng de Hong Kong a progressé de 0,52 %, reflet de sensibilités différentes à la politique monétaire américaine et à la demande régionale. En Europe, l’attentisme domine également, à l’approche des nouvelles données sur l’inflation et dans l’attente de signaux plus clairs de la BCE, engagée dans une phase délicate d’ajustement après sa première baisse de taux en juin.

Du côté des matières premières, la situation est plus contrastée. Le baril de Brent s’est maintenu sous la barre symbolique des 70 dollars, à 69,91 USD ce matin. Ce niveau a une portée autant psychologique que technique. Et cela, malgré une hausse inattendue des stocks de pétrole brut aux États-Unis : +7 millions de barils la semaine dernière, alors qu’un recul de 1,7 million était attendu. Cette résistance du prix reflète des inquiétudes persistantes sur l’offre, notamment les incertitudes autour de l’OPEP+ et les tensions au Moyen-Orient. Techniquement, une zone d’objectif reste active autour de 71,50 dollars – un niveau surveillé de près par les opérateurs de marché.

L’or, quant à lui, donne un signal plus neutre. Depuis plusieurs semaines, le métal jaune évolue dans un couloir étroit, entre 3 300 et 3 330 dollars l’once (cours actuel : 3 321,90 USD). Cette stagnation illustre le climat d’incertitude ambiant. Lorsque les politiques monétaires sont en transition et les anticipations d’inflation floues, l’or tend à marquer une pause. Les traders en profitent pour travailler la fourchette : achats en bas de zone, reventes sous résistance. Les investisseurs de long terme restent, eux, en retrait, dans l’attente d’un déclic – peut-être viendra-t-il avec les chiffres de l’inflation américaine attendus ce vendredi.

Le marché du gaz naturel affiche encore plus de retenue. Les contrats à terme américains ont rebondi de 1,95 %, à 3,246 USD par million de BTU, après être brièvement passés sous 3,20. Toutefois, les fondamentaux restent baissiers : production nationale soutenue, niveaux de stocks élevés, flux d’exportation irréguliers face à une demande mondiale instable. Une zone technique non comblée de mai dernier, juste au-dessus de 3,10 dollars, reste active. Sauf surprise météorologique ou choc géopolitique, les risques baissiers ne sont pas écartés. Ceux qui ont clôturé leurs positions longues après la cassure du seuil technique des 3,35 ont limité les pertes – preuve que la prudence domine. Pour l’heure, la liquidité est privilégiée.

Ces dynamiques croisées – actions en hausse, pétrole résilient, or en attente, gaz sous pression – traduisent un environnement macroéconomique en pleine mutation. Les marchés ne sont plus guidés par un optimisme aveugle, ni paralysés par la peur. Ils observent, ajustent, et favorisent les stratégies liquides et flexibles.

Pour les portefeuilles d’investissement, cela implique une approche équilibrée. Les actions conservent un potentiel haussier tant que les baisses de taux restent envisageables, mais les valorisations sont tendues et le momentum fragile. Les matières premières divergent : le pétrole garde du soutien, le gaz reste vulnérable, l’or est en stand-by. Pour les traders, le moment est à l’exploitation des fourchettes de prix. Pour les investisseurs, il s’agit d’attendre des points d’entrée ajustés au risque, sans se surexposer à un seul scénario.

Les 48 prochaines heures seront décisives. L’annonce de l’inflation américaine, puis l’ouverture de la saison des résultats d’entreprises la semaine prochaine, diront si le rebond de cette semaine peut s’ancrer dans la durée – ou s’il ne s’agit que d’un feu de paille estival.

Pour l’instant, l’économie mondiale reste suspendue. Et dans un tel contexte, la discipline et la préparation sont les meilleurs alliés des investisseurs.

 Sources:

  • CME FedWatch Tool
  • U.S. Department of Energy / EIA
  • TradingView & Investing.com
  • Yahoo Finance / Bloomberg
  • Reuters & CNBC
  • LME & ICE
  • Banque centrale européenne (BCE)
  • U.S. Bureau of Labor Statistics