Futures sur le pétrole et le gaz : comment tirer parti de la volatilité des marchés de l’énergie

À chaque flambée géopolitique, les marchés de l’énergie réagissent avec une redoutable rapidité. Le 12 juin dernier, suite aux premières frappes entre Israël et l’Iran, le prix du pétrole brut s’est envolé de 13 % avant de se stabiliser autour de +7 % au matin. Face à de telles variations, nombreux sont les investisseurs qui s’interrogent : comment profiter de ces mouvements de prix souvent brutaux, mais potentiellement lucratifs ?

La réponse instinctive serait d’acheter des actions de grandes compagnies pétrolières. Mais cette stratégie, bien que tentante, s’avère souvent décevante. Les cours boursiers de ces entreprises intègrent des risques spécifiques (dette, gouvernance, régulation) qui n’ont rien à voir avec le prix du baril lui-même. Ainsi, dans l’exemple cité, une major pétrolière n’a enregistré qu’un gain boursier de 3 %, bien en deçà de l’envolée du brut.

Alors, comment accéder directement aux prix de l’énergie sans s’exposer aux aléas corporatistes ? La solution tient en un mot : les contrats à terme, ou futures.

Un contrat à terme, qu’est-ce que c’est ?

Un futur est un contrat financier standardisé, coté sur une bourse réglementée, qui engage deux parties à acheter ou vendre un actif à une date et un prix déterminés à l’avance. Ces contrats, largement utilisés sur le pétrole et le gaz, permettent aux investisseurs de parier sur l’évolution future des prix, sans détenir physiquement la matière première.

Dans la grande majorité des cas, les futures sont réglés en espèces, c’est-à-dire que l’on ne vous livre pas de barils de pétrole ni de mètres cubes de gaz. Ce qui vous intéresse, c’est l’évolution du prix entre le moment où vous entrez sur le marché et la date d’échéance du contrat.

Pourquoi préférer les futures aux actions ?

Acheter des actions d’une compagnie pétrolière, c’est miser sur sa stratégie, ses dirigeants, sa dette… et seulement en partie sur le prix de l’énergie. À l’inverse, un contrat à terme sur le pétrole vous donne une exposition pure à la matière première elle-même.

Autrement dit : vous investissez sur le pétrole, pas sur TotalEnergies.

Fonctionnement d’un contrat à terme sur l’énergie

Voici les paramètres essentiels à connaître :

  • Taille du contrat : un contrat standard représente souvent 1 000 barils de brut (mais il existe des mini et micro-contrats de 10 ou 1 baril).
  • Devise de cotation : la plupart des contrats sont libellés en dollars américains, attention donc au risque de change si votre compte est en euros.
  • Marge initiale : vous ne payez pas la totalité du contrat à l’avance, mais déposez une garantie (appelée marge), généralement entre 5 % et 15 % de la valeur totale. Cela permet d’amplifier vos gains, mais aussi vos pertes.
  • Clôture quotidienne : chaque jour, votre compte est ajusté en fonction de l’évolution du prix (on parle de « mark-to-market » ou « variation margin »).
  • Date d’expiration : les contrats ont une durée de vie définie, souvent d’un à trois mois. Vous pouvez toutefois les revendre à tout moment avant leur échéance.

Les mini et micro futures : pour les particuliers aussi

Les marchés ont évolué. Vous n’êtes plus obligé d’investir l’équivalent de dizaines de milliers d’euros pour accéder au pétrole ou au gaz.

Grâce aux mini-futures (10 barils) ou micro-futures (1 baril ou 1 million de BTU de gaz), les investisseurs particuliers peuvent désormais se positionner sur l’énergie avec des montants bien plus modestes, tout en bénéficiant de la même transparence et des mêmes mécanismes de marché que les professionnels.

Ces produits sont disponibles sur les principales plateformes mondiales, telles que CME Group, ICE, ou encore Euronext, avec une liquidité importante et une régulation rigoureuse.

Un outil puissant… mais exigeant

Les contrats à terme ne sont pas à manipuler à la légère :

  • Leur effet de levier est puissant : un mouvement de 5 % sur le marché peut multiplier vos gains… ou vos pertes.
  • Ils réagissent fortement à l’actualité mondiale : conflits armés, décisions de l’OPEP, ouragans, embargo, tout est matière à volatilité.
  • En cas de perte, la marge requise peut augmenter : si vous ne la complétez pas à temps, votre position peut être liquidée de force.

C’est pourquoi il est souvent nécessaire de passer un test de connaissance pour y accéder via les courtiers en ligne.

À qui s’adressent les futures sur l’énergie ?

  • Aux investisseurs actifs souhaitant spéculer sur le court terme.
  • Aux entreprises souhaitant se couvrir contre la volatilité du marché de l’énergie.
  • Aux particuliers avertis qui cherchent une exposition directe, sans détour par les actions ou les ETF.

Conclusion : transformer la volatilité en opportunité

Les marchés de l’énergie sont devenus un théâtre où l’économie et la géopolitique se croisent en temps réel. Les futures sur le pétrole et le gaz permettent aux investisseurs de s’y positionner avec finesse, efficacité, et réactivité.

Mais comme tout instrument financier à effet de levier, ils demandent rigueur, formation et gestion du risque. À la croisée de la stratégie et de la tactique, ils peuvent être redoutables pour qui sait les manier – ou redoutablement risqués pour qui les sous-estime.