Un repli historique du billet vert
Au premier semestre 2025, l’indice du dollar américain a chuté de plus de 10 %, enregistrant sa plus forte baisse depuis les années 1970. Cette dépréciation s’explique par les inquiétudes croissantes quant à l’indépendance de la Réserve fédérale, soumise à des pressions politiques, par l’ampleur persistante des déficits publics américains et par les incertitudes entourant les réformes fiscales à venir.
Au 2 juillet 2025, le billet vert atteignait un plancher vieux de trois ans et demi face aux principales devises mondiales. Cette faiblesse rend les actifs libellés en dollars – comme le pétrole – mécaniquement plus attractifs à l’achat, stimulant ainsi la demande internationale.
Conséquences observées :
- Les exportations américaines deviennent plus compétitives à l’international.
- Les monnaies des marchés émergents et l’or se valorisent : l’once dépasse désormais les 3 300 dollars.
- Les efforts de dédollarisation s’intensifient, avec un nombre croissant de pays – dont l’Arabie saoudite – favorisant les échanges en monnaies nationales.
L’Arabie saoudite intensifie sa diplomatie pétrolière
En juin, Riyad a augmenté ses exportations de brut d’environ 450 000 barils par jour (bpj), atteignant un pic annuel. Pour juillet, les volumes pourraient frôler les 7,5 millions de bpj, un niveau porté par la hausse de production décidée par l’alliance OPEP+ (+411 000 bpj attendus ce mois-ci).
Pour préserver ses parts de marché en Asie, le royaume prévoit de baisser ses prix officiels de vente à leurs plus bas niveaux depuis six mois.
Une stratégie de long terme :
Cette manœuvre vise à contrer la baisse des cours du brut, tout en consolidant l’influence saoudienne sur les marchés asiatiques. Le FMI a d’ailleurs revu à la hausse ses prévisions de croissance pour l’économie saoudienne, désormais attendue à 3,5 % en 2025 – un chiffre tiré par les investissements intérieurs et les exportations énergétiques (la croissance hors hydrocarbures devrait rester stable autour de 3,4 %).
Même si les recettes unitaires chutent – en avril, les revenus des exportations de pétrole saoudiennes sont tombés à 16,5 milliards de dollars, leur plus bas niveau en quatre ans – le plan stratégique Vision 2030 maintient sa dynamique, porté par de vastes projets d’infrastructures et de transformation de l’économie.
Prévisions RM & F Semaine du 1er au 7 juillet 2025
Tendance | Projection |
Dollar | Poursuite de la baisse, notamment si les incertitudes politiques américaines persistent et que la Fed reste floue. Suivre de près les données sur l’emploi et les enquêtes ISM. |
Pétrole | Prix plafonnés entre 67 et 68 dollars le baril, affectés par la hausse de l’offre OPEP+ et la faiblesse du dollar. |
Arabie saoudite | Accentuation des exportations vers l’Asie via des volumes élevés et des prix attractifs ; cela conforte les prévisions optimistes du FMI. |
Commerce & monnaies | L’érosion du dollar encourage le recours à d’autres devises dans les échanges internationaux. Les rapprochements commerciaux entre Riyad et les BRICS se renforcent. |
En résumé
Cette semaine, les marchés poursuivent leur réalignement : la baisse historique du dollar, amorcée début 2025, pousse les investisseurs à reconsidérer les équilibres budgétaires et monétaires américains. Cette tendance soutient la demande mondiale en pétrole et favorise l’approche proactive de l’Arabie saoudite, qui ajuste ses prix et amplifie ses flux vers les marchés asiatiques.
Dans un monde en mutation, entre redéploiements énergétiques et remises en cause monétaires, les investisseurs devront surveiller avec attention les prochaines statistiques américaines (emploi, industrie) ainsi que les décisions d’OPEP+ pour jauger la durabilité de ces tendances.
Sources: Reuters, IMF, Barron’s, Business Insider, Politico Pro / E&E News, IRIS France