C’est une révolution silencieuse qui se prépare sur les mers du globe. Alors que les paquebots de la CMA CGM sillonnent encore les océans au fioul lourd, l’Organisation Maritime Internationale (OMI) vient de lancer un pavé dans la mare : dès 2027, tous les navires devront payer pour leur pollution au CO₂. Une décision qui fait déjà grincer des dents dans les bureaux parisiens de l’Armateur de France comme dans les chantiers navals asiatiques.
La France à la croisée des chemins
Le groupe CMA CGM, fleuron du pavillon français, avait pourtant pris les devants en commandant dès 2021 une flotte de navires au GNL. « Nous avons investi 15 milliards dans la transition énergétique », rappelle Rodolphe Saadé, PDG du géant marseillais. Mais la nouvelle régulation pourrait redistribuer les cartes.
Le port du Havre, qui vient d’inaugurer son terminal dédié aux carburants verts, se positionne en pionnier. « La Normandie pourrait devenir le hub européen du méthanol maritime », explique son président Jean-Baptiste Gastinne. Un enjeu crucial alors que Dunkerque mise sur l’hydrogène et que Saint-Nazaire équipe ses nouveaux paquebots de systèmes de captage du CO₂.
Les trois défis français
- Technologique : Alstom travaille sur des piles à combustible pour navires, mais le retard sur les concurrents chinois reste préoccupant.
- Financier : Le Crédit Maritime lance des prêts « verts » à taux zéro, mais les petites compagnies bretonnes s’inquiètent.
- Diplomatique : Paris pousse pour une « exception méditerranéenne » au sein de l’OMI, arguant des spécificités du trafic court-courrier.
Et maintenant ?
Alors que les premiers navires à ammoniac doivent entrer en service en 2026, la France joue son va-tout. « Soit nous devenons les leaders de cette nouvelle donne écologique, soit nous subirons la concurrence asiatique », résume un haut fonctionnaire du Ministère de la Mer. Un enjeu qui dépasse largement le cadre maritime : c’est toute la souveraineté industrielle française qui se joue sur ces flots agités.
Sources: Reussir, Figaro, Guardian