L’industrie des semi-conducteurs, moteur invisible des smartphones à l’intelligence artificielle, connaît une croissance fulgurante. En 2024, le marché mondial des micropuces a bondi de 19 %, atteignant 627 milliards de dollars (Deloitte). Les prévisions tablent sur une nouvelle hausse de 11,2 % en 2025, portant le secteur à 697 milliards de dollars. Pourtant, cette demande explosive se heurte à un obstacle de taille : les barrières commerciales et les frictions géopolitiques, susceptibles de perturber les chaînes d’approvisionnement et d’alourdir les coûts.

L’IA, principal carburant de la croissance

L’intelligence artificielle reste la force motrice des ventes de semi-conducteurs. Le déploiement des nouvelles générations d’IA – comme GPT-6 d’OpenAI ou Gemini Ultra 2.0 de Google – exige des puces toujours plus performantes. NVIDIA, AMD et TSMC enregistrent des bénéfices records, les processeurs optimisés pour l’IA représentant déjà plus de 30 % des revenus totaux du secteur (Gartner). Un chiffre qui pourrait frôler 45 % d’ici 2026, à mesure que l’IA s’immisce dans la santé, les véhicules autonomes et bien d’autres domaines.

Les progrès technologiques suivent le rythme. La gravure en 2 nm de TSMC, dont la production de masse débutera fin 2025, promet des gains de 20 % en vitesse et 30 % en efficacité énergétique – un atout clé pour l’IA. Parallèlement, l’architecture modulaire « chiplet » d’Intel séduit l’industrie, offrant des designs plus économiques.

Politiques commerciales : l’épée de Damoclès

Malgré cette dynamique, les tensions géopolitiques pèsent lourd. Les États-Unis maintiennent un contrôle strict des exportations de puces haut de gamme vers la Chine, et d’éventuelles hausses tarifaires – envisagées par certains décideurs – pourraient renchérir les produits tech. Selon JP Morgan, les prix des appareils électroniques pourraient s’envoler :

  • Consoles de jeux : +40 %
  • Smartphones : +26 %
  • Ordinateurs portables : +46 %

« Les semi-conducteurs sont le socle de la technologie moderne », rappelle Lisa Su, PDG d’AMD. « Toute perturbation du commerce mondial aura des répercussions sur l’ensemble de l’économie – entreprises comme consommateurs. »

Cap vers les 1 000 milliards de dollars

Si le secteur maintient un taux de croissance annuel de 7,5 %, il dépassera le seuil des 1 000 milliards de dollars d’ici 2030. Les leviers de cette expansion :

  1. Investissements publics : Le CHIPS Act 2.0 américain (2024) y consacre 100 milliards de dollars, tandis que l’Inde mise 30 milliards pour bâtir sa filière.
  2. Informatique quantique : Le processeur 1 000 qubits d’IBM, attendu fin 2025, pourrait révolutionner le calcul – et exiger de nouvelles architectures.
  3. Diversification des chaînes logistiques : Les groupes se tournent vers le Vietnam, l’Inde et le Mexique pour réduire les risques géopolitiques.

Gagnants et défis à venir

  • Les leaders : TSMC, Samsung et Intel (avec ses fonderies) dominent la course.
  • Sous pression : Les fabricants chinois peinent face aux restrictions à l’export.
  • L’outsider : L’Inde, grâce à ses subventions, pourrait émerger comme un acteur crédible d’ici 2030.

Quel avenir pour les puces ?

L’industrie est à un tournant : portée par l’IA, elle fait face à des incertitudes commerciales qui pourraient freiner son essor. La manière dont États et entreprises géreront ces défis déterminera si le marché atteindra son potentiel de 1 000 milliards… ou subira de coûteux contretemps.

Sources : Deloitte, Gartner, JP Morgan, AMD