Investir dans les zones portuaires devient une stratégie de développement économique majeur pour beaucoup de puissances mondiales. La Chine, la Russie et les Etats Unis continuent d’injecter des millions de dollars dans la modernisation et le développement des ports, mais aussi par le biais d’acquisition à l’étranger. Dans une récente étude sur les investissements dans les infrastructures portuaires 2016-2020, l’Association américaine des administrations portuaires (AAPA) a demandé à ses ports membres et leurs partenaires du secteur privé, leur prévision de dépense ou investissement pour l’infrastructure de fret et de passagers au cours des cinq prochaines années. Le montant s’élève à 154,8 milliards de dollars.
Outre atlantique, au sein d’une Europe entourée de plusieurs bassins maritimes et traversée par de nombreux fleuves, le commerce via les voies maritimes est un enjeu d’avenir dans un contexte de mondialisation croissante.
Selon les experts du secteur portuaire, les avantages de ces zones économiques sont de plus en plus répartis entre les différents acteurs et concernent une géographie qui transcende la communauté locale irradiant même la région. Cette tendance perturbe l’évaluation des avantages des investissements portuaires, compte tenu que les impacts locaux peuvent être beaucoup moins importants que ceux au niveau régional ou national. Ne pas négliger le revers de la médaille ; l’existence de conflits ou des pressions qui pourraient venir des communautés locales, déçues et exacerbées dans l’attente d’une amélioration économique liées aux activités portuaires, qui tardent à venir. Malgré la complexité de l’évaluation de leurs impacts économiques, les ports restent fondamentaux pour le bien-être économique des nations, des régions et des localités dans lesquelles ils sont intégré site.
Selon une étude apparue en 2016 et réalisée par Tahar Ammar Jouili et Mohamed Anis Allouche « L’impact de l’investissement portuaire sur la croissance économique », il est évident que l’existence des ports contribue à la croissance économique des pays. Récemment, cet effet économique a attiré l’attention des chercheurs et de nombreuses études ont montré qu’il existe une corrélation positive entre l’investissement en zone portuaire et la croissance économique. La plupart des chercheurs précédents ont utilisé une approche de la fonction production pour estimer les effets de des investissements des ports maritimes sur la croissance économique. En Chine et en Corée, on a estimé les effets de l’investissement en utilisant des séries chronologiques. Un effet significatif et positif de cet investissement sur la croissance économique est constaté dans les deux pays. En conclusion, les investissements dans les ports maritimes ont un effet positif sur la croissance économique, mais avec des différences évidentes au niveau régional et provincial. Le flux de marchandises conteneurisées des grands ports maritimes a un impact plus significatif sur l’économie vis-à-vis des ports plus petits, toutes proportions gardées. Il a été ainsi démontré qu’une grande capacité de chargement des ports maritimes a un effet positif sur l’économie de la ville.
Le port de Klaipeda en Lituanie, sujet de cet article, fut l’un des ports les plus fréquentés à l’époque soviétique grâce à son positionnement stratégique. Ce positionnement particulier lui a permis d’être au XVIII siècle, un port majeur pour les livraisons de bois vers l’Europe Occidentale notamment vers l’Angleterre. Apres une période économique sombre initiée par le démantèlement de l’URSS, le port de Klaipeda a subi une profonde restructuration grâce a des investissements massifs. Il est aujourd’hui devenu une plateforme d’échange incontournable en mer baltique pour la distribution de conteneurs et de vrac parmi les nombreux ports voisins. Les opérations du terminal méthanier transférant le gaz des navires de stockage vers de plus petits transporteurs, ont été lancées cette année au port de Klaipeda. Afin de lui permettre d’accueillir de plus grands navires, la reconstruction du canal d’accès et des jetées est en projet. Selon les types de transport qui acheminent les marchandises au port de Klaipeda, il est aussi l’un des ports les plus écologiques en Europe, avec environ 80% des marchandises transportées par chemin de fer.

Caractéristiques :
Le port de Klaipeda est un port multi usages, situé le plus au nord libre de glace sur la côte orientale de la mer Baltique. C’est aussi le plus important et le plus grand centre de transport lituanien, reliant l’Est et l’Ouest. Sa capacité annuelle atteint 65 millions de cargaisons différentes.
Aujourd’hui, le port de Klaipeda relie plus de 800 agents économiques pour son fonctionnement. Le port et les entreprises subordonnés à ses activités fournissent plus de 58 000 emplois et représentent 6,3% du PIB lituanien. La profondeur de l’entrée du canal entre la ville de Klaipeda et l’isthme de Courlande est de 15,5 m. Le port est capable d’accueillir des navires de gros tonnage, y compris des navires à cargaison sèche d’environ 100 000 DWT, des pétroliers d’environ 170 000 DWT et des porte-conteneurs jusqu’à 12 000 EVP. Le port peut accueillir des navires d’une longueur maximale de 350 m, d’une largeur maximale de 50 m avec un tirant d’eau maximum de 13,8 m. Le port de Klaipeda est à l’avant-garde parmi les ports de la mer Baltique en termes de manutention et de conteneurs grâce à des opérations bien coordonnées. Il bénéficie d’une zone de libre-échange économique, d’un réseau de transport maritime à courte distance et d’une infrastructure logistique très développée. Il bénéficie notamment d’un emplacement géographique idéal, à une courte distance des régions industrielles de l’Europe de l’est, comme la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Pologne et autres. Les principales voies maritimes vers l’Europe traversent ce port qui fonctionne 24 heures par jour, 7 jours par semaine, toute l’année.

Innovations :
Un système d’information des plus sophistiqué, nommé ‘KIPIS’ («Création et introduction d’un système d’information pour les marchandises expédiées via le port maritime de Klaipėda») accélère le trafic de marchandises à travers le port et facilite les opérations des agents et des transitaires. Le système KIPIS prévoit l’échange des données électroniques entre les entreprises et les institutions opérant dans le port au cours des processus de manutention du fret.
Le port a mis en place un module SIG (Système d’Information Géographique) qui permet d’utiliser des données géographiques et de faciliter l’échange d’informations.
Le système de navigation dernière génération LUVIS est destiné à la commande automatique du processus d’expédition des petits et grands bateaux dans le port, à la comptabilité des redevances portuaires. Le système fournit des informations à d’autres institutions, ainsi que des e-services sur le principe de « guichet unique ».

Infrastructure ferroviaire :
Plus de 79,3 millions de dollars ont été investis dans le développement du nœud ferroviaire du port de Klaipeda entre 2007 et 2013. Près de $ 68 millions sont en cours d’investissement concernant des travaux sur l’amélioration des installations ferroviaires dans le port. Le potentiel final suite à la modernisation ferroviaire dans le port pourrait atteindre 3 000 wagons par jour pour la station ferroviaire «Klaipeda» et 900 wagons/jour pour la station «Pauostis». Les prévisions prévoient d’ici 2020, une capacité des voies ferrées vers le port qui pourrait atteindre 85 millions de tonnes. A titre de comparaison, en 2012 la capacité de la jonction ferroviaire du port était de 35 millions de tonnes.

Traffic de containeurs :
Le port de Klaipeda est aujourd’hui leader pour le trafic de conteneurs entre les ports de la Baltique avec environ 350-370 milliers d’EVP par an. Le port de Riga occupe la deuxième position avec environ 300 milliers d’EVP et le port de Tallinn la troisième place avec 180 milliers d’EVP.

Capacités de stockage :
La superficie des entrepôts couverts atteint 99 380 m², celle pour le fret en vrac est de 933 700 tonnes. La capacité des entrepôts frigorifiques est de 66 000 tonnes. La surface des zones de stockage ouvertes s’élève à 1 045 879 m². Le volume des citernes destinées au stockage de cargaisons liquides est de 749 000 m3.

Sources : American Association of Port Authorities ; « Impacts of Seaport Investment on the Economic Growth », Tahar Ammar Jouili, Mohamed Anis Allouche ; http://www.jura.lt/; http://www.portofklaipeda.lt