Conjoncture mondiale

La croissance mondiale reste positive mais contrainte : le FMI prévoit 3,0 % en 2025 et 3,1 % en 2026, tandis que l’OMC anticipe un recul de – 0,2 % du commerce de marchandises en 2025 avant un rebond de +2,5 % en 2026. L’inflation reflue mais demeure inégale : 2,2 % en zone euro en septembre (Eurostat) et au-dessus de la cible aux États-Unis, ce qui maintient la BCE et la Fed dans une posture prudente.

En Chine, les PMI de septembre restent proches de 50, indiquant une activité faible mais stable, toujours freinée par l’immobilier. Les prix alimentaires mondiaux demeurent élevés (+6,9 % sur un an, FAO), et l’AIE prévoit encore une hausse de la demande pétrolière de 740 kb/j en 2025.

Lecture pour investisseurs : croissance modérée mais résiliente, désinflation incomplète, taux restrictifs, et dispersion régionale élevée, alors une sélectivité et une diversification sont nécessaires.

Régions à surveiller

États-Unis : le taux de chômage est remonté à 4,2 % en septembre (Bureau of Labor Statistics), avec des créations d’emplois en ralentissement. L’immobilier résidentiel recule, avec des taux hypothécaires supérieurs à 7 %. La consommation reste soutenue par des salaires réels en légère hausse (+1,1 % a/a). La politique industrielle (IRA, semi-conducteurs, énergie propre) maintient des perspectives pour les secteurs stratégiques.

Union européenne : l’inflation est estimée à 2,2 % en septembre 2025 (Eurostat), avec des services en hausse de 3,2 %. La BCE projette une croissance de seulement 1,2 % en 2025. Les secteurs intensifs en énergie (chimie, métallurgie) affichent une contraction de la production industrielle de  – 3,1 % a/a. Opportunité pour les investisseurs : entreprises d’efficacité énergétique et infrastructures bas carbone.

Chine : l’indice PMI manufacturier officiel s’est établi à 50,2 en septembre (NBS), tandis que le secteur immobilier enregistre une nouvelle baisse des prix résidentiels (- 4,1 % a/a, China Index Academy). En revanche, les exportations de batteries et de véhicules électriques progressent de +28 % a/a.

Afrique & Amérique latine : le Chili et le Pérou (cuivre) couvrent 38 % de la production mondiale ; l’Argentine et le Brésil représentent 25 % du marché mondial du soja. Opportunités fortes mais vulnérabilité face aux risques politiques et de change.

Matières premières et agriculture

L’Indice FAO des prix alimentaires s’établit à 130,1 en août 2025, en hausse de +6,9 % sur un an. La viande (+9 %), le sucre (+7 %) et les huiles végétales (+10 %) compensent la baisse des céréales (- 3 %) et des produits laitiers (- 2 %). Les politiques de biocarburants aux États-Unis et en Europe absorbent environ 15 % des huiles de soja et de colza.

Conséquences : pression budgétaire et sociale dans les pays importateurs, mais opportunités dans :

– agritech (semences résistantes, irrigation de précision),
– logistique alimentaire (silos, transport frigorifique),
– assurances climatiques et dérivés agricoles.

Métaux et minerais critiques

La transition énergétique exerce une pression considérable sur le cuivre, le lithium, le nickel et le cobalt. Selon l’AIE, la demande de lithium a augmenté de +30 % en 2024, et la consommation de cuivre pourrait dépasser l’offre de 500 000 tonnes dès 2025. L’accident à la mine de Grasberg (Indonésie) en septembre a réduit l’offre mondiale de cuivre de 2 %.

Conséquences : volatilité accrue des prix (+12 % pour le cuivre depuis janvier), poussant les investisseurs à privilégier :

– le recyclage des batteries et des métaux,
– le streaming et les royalties minières,
– les fonds spécialisés dans les infrastructures de transition énergétique.

Politiques monétaires et marchés financiers

Les banques centrales maintiennent une ligne prudente.

Fed : le taux directeur est resté à 5,25 – 5,50 % en septembre, avec un chômage à 4,2 %. BCE : taux inchangés à 4,5 %, projections d’inflation à 2,1 % et de PIB à 1,2 % pour 2025.

Conséquences :

  • taux restrictifs pendant plusieurs trimestres,
  • risques accrus pour l’immobilier commercial, le secteur bancaire régional et la consommation durable,
  • opportunités dans les obligations courtes, les actions « qualité » et les infrastructures défensives.

Pour les investisseurs, la volatilité croissante des marchés impose une gestion active et des allocations diversifiées.

Politique ESG 2025 : un tournant réglementaire

La CSRD s’applique progressivement avec premières publications en 2025. Les ESRS ont été ajustés en juillet 2025 pour alléger la charge administrative. La CSDDD (CS3D), entrée en vigueur en 2024, sera contraignante à partir de 2027 pour les grandes entreprises.

Conséquences : hausse des coûts de conformité de +15 % pour certaines entreprises, mais amélioration de la comparabilité des données ESG.

Opportunités : technologies de traçabilité, cabinets d’audit, obligations vertes indexées sur des KPI environnementaux.

Crises actuelles et géopolitique

Énergie : le rapport de l’AIE de septembre confirme une demande mondiale de pétrole en hausse de 740 kb/j en 2025. Les tensions au Moyen-Orient et en Europe de l’Est entretiennent une volatilité sur le gaz et le pétrole. Dette émergents : ratio dette/PIB supérieur à 70 % dans 15 pays à revenu intermédiaire, avec risque de défaut accru.

Conséquences : renforcement de l’attrait pour l’or (+8 % depuis janvier), les obligations souveraines de qualité, et les investissements dans la sécurité alimentaire et énergétique.

Opportunités stratégiques pour investisseurs

  • Recyclage & économie circulaire : valorisation des métaux secondaires (croissance attendue du marché +12 %/an d’ici 2030).
  • Agritech & assurances climatiques : marché mondial estimé à 25 Md$ en 2025 (+18 % a/a).
  • Technologies ESG : solutions de conformité automatisées (IA, blockchain).
  • Infrastructures de proximité (nearshoring) : progression de +7 % des investissements manufacturiers aux États-Unis en 2025.
  • Finance innovante : émissions d’obligations vertes atteignant 650 Md$ en 2025 (+20 % a/a).

Conclusion

Le quatrième trimestre 2025 s’ouvre sur une résilience fragile mais riche en opportunités. La croissance mondiale reste positive mais freinée par des taux élevés, des déséquilibres d’offre et des tensions géopolitiques.

Pour les investisseurs, l’équation est claire : combiner prudence et audace sélective. Les secteurs de la transition énergétique, de l’agriculture durable, du recyclage et de la finance verte offrent non seulement une protection mais aussi des relais de croissance structurels. Ces segments constituent les véritables moteurs de la transformation de l’économie mondiale.

Sources

  • Fonds monétaire international (FMI), World Economic Outlook Update, juillet 2025.
  • Organisation mondiale du commerce (OMC), Trade Forecast Update, septembre 2025.
  • Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Interim Outlook, septembre 2025.
  • Eurostat, Flash HICP, 1 octobre 2025.
  • Banque centrale européenne (BCE), décision et projections, 11 septembre 2025.
  • Réserve fédérale (Fed), FOMC Statement, 17 septembre 2025.
  • Bureau of Labor Statistics (BLS), Employment Situation, septembre 2025.
  • China NBS, PMI septembre 2025 ; China Index Academy, immobilier, septembre 2025.
  • FAO, Food Price Index, août 2025.
  • Agence internationale de l’énergie (AIE), Oil Market Report, septembre 2025 ; Global Critical Minerals Outlook 2025.
  • Commission européenne, CSRD et CSDDD (CS3D), textes consolidés 2025.
  • Reuters, Bloomberg, AFP (dépêches géopolitiques et matières premières, 2025).