08/09/2025
Marchés mondiaux : à l’orée du quatrième trimestre 2025, entre résilience et incertitude
À mesure que septembre avance, les marchés mondiaux abordent le dernier trimestre de 2025 avec un mélange de prudence et d’opportunisme. Selon le FMI, la croissance mondiale devrait s’établir autour de 3 % cette année, un chiffre qui masque toutefois de fortes disparités : les économies avancées peinent à surmonter les contraintes monétaires, tandis que plusieurs marchés émergents continuent d’afficher un dynamisme robuste.
Les États-Unis et la Chine : influences majeures
Aux États-Unis, un marché du travail solide soutient encore la consommation. Mais des taux d’intérêt durablement élevés pèsent sur le crédit et l’immobilier. Les politiques industrielles fédérales (de l’Inflation Reduction Act aux subventions pour les semi-conducteurs) demeurent des moteurs essentiels de la transition énergétique et des secteurs technologiques stratégiques.
La Chine offre un tableau plus ambivalent : un secteur immobilier fragile est compensé par des investissements massifs dans les véhicules électriques, les batteries et l’intelligence artificielle. Pékin exerce une influence directe sur les prix des métaux critiques – cuivre, lithium, cobalt – dont la demande mondiale excède largement l’offre.
En Europe, la croissance reste atone. La faiblesse de la consommation, le coût élevé de l’énergie et les incertitudes budgétaires freinent la reprise. Pourtant, le continent conserve une influence normative déterminante : la directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD) et la directive sur le devoir de vigilance en matière de durabilité (CSDDD/CS3D) redéfinissent les pratiques des entreprises et orientent les capitaux vers des projets plus durables.
Matières premières : tensions et perspectives
L’indice FAO des prix alimentaires enregistre une hausse annuelle proche de 7 %, tirée par la viande, les huiles et le sucre. Les politiques de biocarburants réduisent encore les volumes disponibles pour l’alimentation. Ces tensions alimentent l’inflation dans les pays importateurs, tout en ouvrant des opportunités d’investissement dans :
- l’agritech : semences résistantes à la sécheresse, irrigation de précision ;
- la logistique alimentaire : silos, transport réfrigéré ;
- les dérivés agricoles : instruments de couverture et de gestion des risques.
Pour les minerais critiques, les déséquilibres structurels s’accentuent. La demande accélérée par la transition énergétique se heurte aux délais longs de mise en production minière. Les prix du cuivre et du lithium s’envolent, soulignant l’intérêt croissant du recyclage des batteries et des solutions d’économie circulaire.
Crises et politique monétaire
Les tensions géopolitiques (du Moyen-Orient à l’Europe de l’Est} ravivent la volatilité des marchés de l’énergie. L’Europe reste vulnérable à de possibles flambées des prix du gaz et du pétrole, ce qui complique les efforts de la Banque centrale européenne pour maintenir des taux élevés dans un contexte d’inflation sous-jacente persistante.
La Réserve fédérale adopte une approche tout aussi prudente. Le coût du capital devrait ainsi rester élevé au cours des prochains trimestres, pénalisant les entreprises très endettées mais soutenant les actifs de qualité et les obligations de court terme.
ESG : un nouveau champ d’opportunités
La politique européenne en matière d’ESG constitue l’un des bouleversements structurels majeurs de 2025. L’extension des obligations de reporting et de vigilance renforce la transparence, tout en alourdissant les coûts de conformité. Pour les investisseurs, ces règles deviennent un outil de sélection précieux et stimulent l’émergence de nouveaux marchés, notamment :
- les technologies de traçabilité (blockchain, IA) ;
- les cabinets spécialisés dans l’audit ESG ;
- les obligations vertes adossées à des cibles de performance mesurables.
Entre prudence et audace
À l’approche de la fin d’année, les investisseurs sont confrontés à une équation délicate : une économie mondiale résiliente mais exposée aux chocs géopolitiques et climatiques, des taux d’intérêt durablement élevés, et une régulation ESG qui recompose les chaînes de valeur.
Les opportunités ne manquent pas : recyclage et économie circulaire pour sécuriser l’approvisionnement en métaux, agriculture de précision pour atténuer les risques climatiques, infrastructures de relocalisation profitant des chaînes d’approvisionnement réorganisées, ou encore finance durable portée par des indicateurs de performance transparents.
La conclusion s’impose : diversifier avec discernement, investir avec sélectivité. Le succès sur les marchés dépendra moins des rendements immédiats que de la capacité à capter les tendances structurelles de long terme qui redessinent déjà l’économie mondiale.
Sources
- Fonds monétaire international (FMI), World Economic Outlook Update, juillet 2025.
- Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), FAO Food Price Index, août 2025.
- Reuters, « World food prices at 2-year high on rising meat and edible oils, FAO », 8 août 2025.
- Agence internationale de l’énergie (AIE), Global Critical Minerals Outlook 2025, mai 2025.
- The Guardian, « Copper supply to fall 30% short of demand by 2035, says IEA », 21 mai 2025.
- The Wall Street Journal, « Critical Minerals Supply Risks Mount Amid China’s Grip, Export Curbs », 2025.
- Banque centrale européenne (BCE), Monetary Policy Minutes, été 2025.
- Réserve fédérale (Fed), Minutes of the Federal Open Market Committee, juillet 2025.
- Commission européenne, Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) et Corporate Sustainability Due Diligence Directive (CSDDD/CS3D), textes consolidés 2025.
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